De retour en France je vais vivre chez Cédric, mon pote de l’armée, qui s’est installé à la Ciotat sur la côte méditerranéenne. L’idée est de trouver du travail et de refaire de la planche à voile. Je décroche un job d’animateur dans un camping en bord de mer. Tous les soirs il faut que j’improvise un spectacle, seul sur scène. Le premier soir, je prends le micro, devant une centaine de touristes, en attente de je ne sais pas quoi…je me lance et là c’est la révélation, je suis comme un poisson dans l’eau. Toutes les semaines j’ai un nouveau public, et pendant 4 mois, je les fait rire. A la fin de la saison, je décide de faire quelque chose de cela.
Je retourne à Montpellier où je m’inscris à “la Compagnie Maritime”, une école professionnelle de théâtre dirigée par Pierre CASTAGNE (ancien élève du conservatoire de Paris formé par Antoine VITEZ et Claude REGY). J’apprends à jouer, et comme tout élève comédien: je souffre, je suis limité par mes blocages, je suis embêté par moi-même. Mais il y a les textes, les personnages et tout cela me passionne. Pierre est un acteur formidable, le voir jouer me fascine, je l’observe et j’essaye de comprendre. Je vends ma planche et mon van, et je passe mon temps au théâtre à regarder les autres jouer. J’apprends à écouter et j’apprends à parler. Je découvre la danse et je découvre l’intelligence du corps. Un jour Pierre me demande de trouver un lieu pour agrandir l’école, je sillonne les rues de Montpellier sur mon vélo et je trouve un bâtiment de 300 m2 à louer. On le prend, Pierre monte une SARL, je m’associe avec lui. Le bâtiment est en mauvais état mais on est à fond, on fabrique notre théâtre “l’usine à rêves”. En même temps que je continue ma formation de comédien, je fais les travaux et m’occupe de l’administratif, on monte des spectacles, j’y passe ma vie. Je suis trop âgé pour tenter les concours des conservatoires, mais un jour je décide de monter à la capitale pour tenter ma chance. Je trouve une chambre de bonne, 8m2 dans le 11eme arrondissement, tout près du parc des Buttes de Chaumont. Je vis à Paris et je passe mon temps au milieu des arbres.
Je ne connais personne, mon école n’étant pas parisienne elle n’est pas reconnue mais au forcing j’arrive à me faire inscrire à l’ANPE Spectacle et à avoir droit à un stage subventionné. Je me dis: “à la fin du stage il faut que le metteur en scène me propose un rôle”. Il me propose le rôle principal dans sa nouvelle pièce, 50 dates, répétitions payées, statut d’intermittent assuré. Je rentre par la grande porte, je joue avec des comédiens chevronnés mais je suis trop novice, alors je prends la pression et quitte le navire avant le début des représentations. Je n’étais pas prêt, la marche était trop haute. Je joue, par la suite, dans des petites compagnies, je fais de la danse et de la figuration pour le cinéma, mais je n’arrive pas percer.